Pour une éthique du métier des armes- Vaincre la violence

Pour une éthique du métier des armes- Vaincre la violence

1/L’AUTEUR

Né en 1944, Jean-René Bachelet a effectué une carrière militaire complète dans l’armée de terre : de 1962, où il entre à Saint-Cyr, jusqu’en 2004, où général d’armée, il occupe les fonctions d’inspecteur général des armées avant de quitter le service actif. Il a commandé le 27e bataillon de chasseurs alpins. Comme officier général, il a notamment commandé le secteur de Sarajevo dans le cadre de la Forpronu en 1995 au paroxysme de la crise ; il lui est alors revenu de conduire les opérations qui ont abouti à la levée du siège au moindre coût humain. De longue date, il a mené une réflexion de fond touchant aux fondamentaux du métier militaire en termes d’éthique et de comportements.

 

2/SYNTHÈSE DE L’OUVRAGE :

Le général Bachelet nous invite à travers ces différentes interventions à nous interroger sur la nécessité de chaque soldat de posséder un fond propre d’éthique du métier des armes, afin de gérer de la meilleure façon les situations extrêmes auxquelles nous pouvons être confrontés lors de nos missions.

 

Sommaire de l’ouvrage:

–     Chapitre 1 : l’armée en quête de sens

–     Chapitre 2 : un sens au métier des armes

–     Chapitre 3 : l’action militaire : de la nécessité à la légitimité

–     Chapitre 4 : l’action militaire : sens et contresens

–     Chapitre 5 : au cœur de l’urgence : l’éthique du métier des armes

–     Chapitre 6 : droit, morale et emploi de la force

–     Chapitre 7 : droit des conflits armés et principe de maîtrise de la force dans la formation des officiers

–     Chapitre 8 : gagner la guerre sans perdre son âme

–     Chapitre 9 : Saint-Cyr à l’épreuve des ruptures

–     Chapitre 10 : conscience d’être, volonté d’être

–     Chapitre 11 : résistance

L’auteur aborde dans cet ouvrage le thème de « l’homme et la guerre » en trois temps principaux. Tout d’abord il cherche à définir les termes liés à l’action militaire et la problématique de mise en œuvre de cette dernière, aujourd’hui comme dans le passé. Il donne ensuite une dimension plus morale à cette question et s’interroge sur la préparation adaptée que doivent recevoir les militaires engagés afin de prendre les bonnes décisions, en particulier dans l’urgence et les situations extrêmes. Le général Bachelet termine sa réflexion par un « bilan » de l’exercice du métier des armes dans le monde aujourd’hui et propose des pistes de réflexion sur le rôle que pourrait y jouer la France.

L’ action militaire, principes et légitimité :

Après quelques références historiques, destinées à nous montrer que la bascule entre la guerre totale et inexpiable à la guerre « juste » prônée par l’évêque de Bône a eu lieu à la fin du XIème siècle avec l’apparition du « jus in bello » et du « jus ad bellum » formalisés par Saint Augustin ; l’auteur nous rappelle les principes clés qui doivent guider en permanence l’action militaire : le principe d’efficience afin d’apporter une réponse concrète à la violence, et le principe de maîtrise de la force qui donne tout son sens à l’intervention armée. Enfin, il précise que cette force reste légitime, car elle respecte ces principes et repose sur la volonté de la Nation. Le général Bachelet termine cette première réflexion en donnant les pièges à éviter pour qu’une action miliaire reste légitime et efficace : ne pas diaboliser l’adversaire pour garder la maîtrise de la force, ne pas tomber dans l’illusion de la guerre « Hi Tech » et ne surtout pas faire d’amalgame entre l’action militaire et policière.

Éthique, morale et emplois des forces :

Après avoir défini le cadre de l’action dans lequel s’inscrit aujourd’hui la France, l’auteur nous livre ses pensées sur ce qui peut aider le militaire à prendre une décision conforme à l’éthique du métier des armes en situation de crise. En effet, pour lui « c’est l’urgence qui requiert l’éthique » (p.89) et c’est dans ces moments précis que les forces morales sont le plus sollicitées. L’auteur distingue alors deux catégories de facteurs pouvant influencer le comportement des militaires, en particulier celui des officiers : les facteurs inhibiteurs ; comme le corpus juridique, les médias ou le rôle du chef qui peuvent freiner une utilisation excessive de la force ; et les facteurs nourriciers ; comme la formation initiale ou l’esprit de corps ; qui poussent le chef à prendre des décisions en conformité avec l’éthique et la morale. Le général Bachelet consacre ensuite plusieurs chapitres à l’importance de la formation éthique des jeunes officiers en insistant sur le caractère concret qu’elle doit revêtir.

Quelle place pour la France dans les conflits d’aujourd’hui ?

Conscient que la France peut apporter une vision et une conception intéressante de l’éthique dans l’exercice du métier des armes, le général Bachelet tente, au travers de la politique étrangère des États-Unis en Irak ou en Afghanistan, de soulever les limites que présentent de tels engagements. Il juge en effet que cette diabolisation de l’ennemi et que cette attitude de supériorité américaine ne peuvent garantir la paix à long terme. La France et l’Union européenne pourraient constituer une alternative de résolution de ces crises, par la mise en œuvre résolue, d’une force maîtrisée.

Mots-clés, citations :

Principe d’efficience, principe de maîtrise de la force.

« Dans l’urgence, l’hésitation est mortelle» (p85).

« L’héritage napoléonien ne serait pas celui de la rationalité du fil du siècle des lumières, mais bien la marque romantique, la gloire, la bravoure, l’audace folle, le mépris de la mort et le sacrifice » (p125).

3/ANALYSE – AVIS :

L’ouvrage du général Bachelet nous pousse à réfléchir sur la notion essentielle d’ éthique du métier des armes. Je pense en effet que tous les cadres de l’armée de terre, et particulièrement les futurs commandants d’unité, ont le devoir de mener une profonde réflexion sur leur fond propre dans ce domaine. La nature changeante des confits contemporains et les situations délicates dans lesquelles sont engagées nos forces obligent les chefs à prendre des décisions rapides et conformes à la morale. Il est donc primordial d’y avoir réfléchi en amont.

À la lumière des engagements, contraires à l’éthique et la morale telles que peut les concevoir l’auteur, des États-Unis en Afghanistan ou en Irak, pour des raisons plus économiques et stratégiques que politique, le livre du général Bachelet nous permet de nous interroger sur le rôle que joue ou devrait jouer la France en tant qu’allié de cette superpuissance. Il met aussi en avant la différence fondamentale de conception de la guerre qui existe entre ces deux nations.

La structure de l’ouvrage amène malheureusement l’auteur à se répéter de nombreuses fois et pousse le lecteur à aborder avec moins d’attention les dernières conférences. Je pense que le général Bachelet maîtrise parfaitement son sujet qu’il étaye d’exemples très concrets et riches d’enseignements pour les jeunes officiers que nous sommes.

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